Dans un régime monarchique, le peuple ne choisit pas son chef, et le roi ne choisit pas sa mission.
Depuis 1925, l’Église célèbre la solennité du Christ, Roi de l’Univers. Le pape Pie XI, qui a institué cette solennité (alors célébrée le dernier dimanche d’octobre, donc directement en lien avec la Toussaint), avait observé une montée de la sécularisation, c’est-à-dire que les préoccupations mondaines, les progrès techniques et, plus généralement, le matérialisme prenaient de plus en plus de place. (Nous ne pouvons que lui donner raison.)
Cependant, il est nécessaire de remonter un peu plus loin dans l’histoire. Le peuple hébreu, ne pouvant pas parler d’égal à égal avec les autres peuples, réclame à Dieu un roi, comme les autres nations (cf. 1Sm 8, 6). Mais cette demande est d’ordre terrestre, voire mondain. Dieu remarque que le peuple qu’Il s’est choisi préfère qu’un homme règne sur eux plutôt que Lui-même (cf. 1Sm 8, 7). Le peuple qu’Il a choisi le rejette ainsi. Ce dernier est rassuré (ou peut-être même séduit) par l’esprit du monde et préfère écarter son Créateur.
Nous contemplons un roi bien particulier. Jésus, descendant du roi David, peut légitimement revendiquer un titre monarchique. Mais il n’en est rien, et Il s’en méfie même. Il sera d’ailleurs condamné pour avoir été reconnu par Ponce Pilate comme le « roi des Juifs » (cf. Jn 18, 27). Pourtant, Sa royauté n’est pas de ce monde : Son sceptre sera un simple roseau qui L’humiliera ; son manteau pourpre Lui sera retiré et jeté au sort (cf. Jn 19, 23-24) ; Sa couronne (cf. Jn 19, 2) sera faite de buissons d’épines, qui Le défigureront ; et Son trône sera une croix qui Le tuera.
Mais Sa royauté n’est pas de ce monde (cf. Jn 18, 36). Il a réellement souffert Sa passion, Il est réellement mort, et Il est vraiment ressuscité. Les limites de nos conditions physiques et biologiques n’ont aucune prise sur Lui. Nous n’avons pas choisi le Christ (peut-être aurions-nous préféré qu’Il nous sauve autrement), mais c’est Lui qui a accepté de nous sauver ainsi.
En contemplant le Christ crucifié, rendons grâce à Dieu pour Ce vrai Roi que nous avons reçu et que nous célébrons ce dimanche. Demandons la grâce de discerner ce qui nous attache encore au monde au point de nous faire rejeter notre Sauveur.
P. Louis Serard+
